Ein Hauch um nichts (1995)

(un souffle autour du rien)
pour un clarinettiste chanteur : clarinette sib, chalumeau, clarinette basse et voix.

Création par Pascal Pariaud, salle Gérard Philipe, Villeurbanne, dans le cadre de la “Semaine des compositeurs” le 7 Juin 1995.

partition : pdf sur demande au compositeur

Enregistrement

  1. 1ère partie
  2. 2ème partie
  3. 3ème partie

Extraits de la partition :
ein Hauch um nichts 1ère partie 
ein Hauch um nichts 2ème partie
ein Hauch um nichts 3ème partie

Présentation :
Ecrite pour Pascal Parriaud, interprète qui allie la maîtrise de la technique des clarinettes et chalumeaux à un talent de chanteur, cette pièce s’appuie sur un poème de Rainer Maria Rilke, “Musik”, qui évoque l’un des sonnets à Orphée, et en propose une résonance instrumentale.
Rilke s’est peu exprimé sur l’art musical pourtant profondément sous-jacent à sa poésie, autant d’un point de vue sonore que selon une conception architecturale. Chez lui, la musique semble art de l’espace aussi bien que du temps.
On peut trouver dans sa poésie des éléments sonores ordonnés selon des correspondances de nombre pouvant s’identifier presqu’à la forme pure, “selon une mathématique de l’invisible”; rejoignant en cela Varèse pour qui “toute forme peut être saisie comme la cristallisation d’un son”.
L’auteur des sonnets à Orphée semble hanté par une musique de l’invisible, moment où le chant s’affranchit du langage pour se faire “souffle autour du rien”…

12ème sonnet à Orphée (extrait)

 Reine Spanung. O Musik der Kräfte!        Pure tension. O musique d’énergie!

 Musik

Wüsste ich für wen ich spiele, ach!          Que ne sais-je pour qui je joue, hélas!

immer könnt ich rauschen wie der Bach.  toujours je pourrais murmurer comme le ruisseau.

Ahnte ich, ob tote Kinder gern               Que ne puis-je deviner si des enfants morts volontiers

tönen hören meinen innern Stern;            écoutent le chant de mon étoile intérieure;

ob die Mädchen, die vergangen sind,       si les jeunes filles qui ont disparu,

lauschen wehn um mich im Abendwind. attentives autour de moi soufflent dans le vent du soir.

Ob ich einem, welcher sornig war,              Si de telle ou telle ombre courroucée

leise streife durch des Totenhaar…               j’effleure doucement la chevelure funèbre…

Denn was wär Musik, wenn sie nicht ging  Car que serait la musique, si elle n’allait

weit Hinüber über jedes Ding?                     très loin dans l’au-delà de toute chose?

Sie, gewiss, die weht, sie weiss es nicht,     C’est sûr, elle qui souffle, elle l’ignore,

wo uns die Verwandlung unterbricht.          où la métamorphose nous interrompt.

Dass uns Freunde hören, ist wohl gut -,      Que des amis nous écoutent, voilà qui est bon -,

aber sie sind nicht so ausgeruht                   mais ils ne sont jamais pacifiés

wie die Andern, die man nicht mehr sieht    comme les autres, ceux que l’on ne voit plus:

tiefer fühlen sie ein Lebens-Lied,                 qui plus profondément sentent un chant de vie,

weil sie wehen unter dem, was weht,          car c’est au coeur du souffle qu’ils ont souffle,

und vergehen, wenn der Ton vergeht.         et s’évanouissent quand le son s’évanouit.